Le démon du monde
Quand j'ai commencé à penser à la gratuité comme une nouvelle façon d'envisager le monde, j'ai imaginer un système révolutionnaire, avec la gratuité totale et inconditionnelle érigée comme un principe. Fidèle à ma méthode, j'en ai parlé sans hésiter et sans nuances. Evidemment, je me suis heurté à des murailles d'incompréhension. Parfois, dans le meilleur des cas, on me prenait pour un doux rêveur inconscient. J’ai entendu des mots comme « communisme », « utopie », avec tout ce qu’ils véhiculent, dans nos sociétés artificiellement confortables. . J’ai bien dû admettre qu’il fallait envisager les choses d’une façon beaucoup plus progressive si je voulais avoir une petite chance de convaincre de plus en plus de personnes.
Il faut reconnaître que le processus ne peut pas se faire d’un seul coup, même si un certain nombre de facteurs peuvent l’accélérer, et là, je pense en particulier à notre patrimoine commun dont on réalise de plus en plus violemment à quel point il est fragile et non éternel, je veux dire notre planète.
La question est donc : comment la gratuité peut jouer un rôle dans la protection de notre système et quels sont les leviers sur lesquels il faut agir pour que l’évolution se fasse dans le bon sens.
Le démon du monde c’est, au delà du jeu de mot, l’idée d’aller chercher ce qui pourrait mieux fonctionner en prenant le contre-pied d’un certain nombre d’idées reçues, surtout celles qui tournent autour d’une notion ravageuse qu’on appelle croissance, et qui sous entend évidemment production, pour ne pas dire surproduction, donc gâchis et épuisement.
Aujourd’hui, l’absurdité a atteint son maximum quand on pense qu’à la surface du globe, on produit plus de maïs qu’il n’en faut pour nourrir l’ensemble de la population du monde, mais que 80% de cette production sert à nourrir des bovins élever dans des conditions à la limite du supportable. Cette viande va servir à gaver une population qui sombre dans l’obésité et les maladies cardiovasculaires.
(Voir, à ce propos, l’article de wikipedia sur les « feed lots » :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Feed_lots )
Ci joint une photo qui donne une petite idée de ce que représentent ces élevages dont il faut savoir qu’ils couvrent des superficies inimaginables à l’échelle d’un pays d’Europe.