monde gratuit, monde de fous.

Je pense qu'un monde gratuit est possible et que je ne suis pas fou. Comme c'est moi qui le prétends, vous pouvez légitimement douter des deux. Pour ce qui est de ma folie supposée, je le serais vraiment si j'entreprenais de vous prouver le contraire. Aussi je vais m'employer à vous expliquer comment j'imagine la gratuité. Et si j'arrive à vous convaincre ou simplement à installer un peu de doute dans vos certitudes contraires, alors peut-être penserez-vous que je ne suis pas si fou que cela.

Il me semble en effet que nous sommes arrivés à l'apogée d'un modèle de société qui a fait son temps. Ma réflexion s'appuie sur le fait que partout des signaux clignotent pour nous avertir. Nous sommes en train de régresser, et les valeurs qui ont construit ce monde sont désormais galvaudées, ignorées, bafouées. Quid de la liberté par exemple. Que signifie, pour un individu qui n'a ni toit, ni droits, ni de quoi se nourrir, ou encore ne trouve pas à se soigner, que signifie, pour lui, "être libre". A l'autre bout de la rue, il y a celui qui regarde cet homme comme un danger potentiel, un risque permanent. Celui là non plus ne se considère pas comme un homme libre, car il est persuadé que sa sécurité est menacée. Or, aujourd'hui, il semble que rien ne soit plus possible pour réduire ce décalage. Et pourtant, il suffirait que le premier ait un toit pour qu'il ne soit plus dans la rue et cesse d'apparaître comme une menace au second.